Orateur(s)
Sarah Sepulchre, professeure à l'UCL, Groupe interdisciplinaire de recherche sur les cultures et les arts en mouvement (Gircam)

Game of Thrones, House of cards, La Trêve...quand la créativité se nourrit des contraintes

    Résumé

    Notre oratrice du jour, Sarah Sepulchre, professeur à l’UCL, nous a expliqué que les séries télévisées sont au centre de contraintes depuis toujours.  Sur base de bon nombre d’exemples de séries TV d'hier ou d'aujourd'hui, elle nous a proposé une réflexion sur cinq types de contraintes.

    1)    Le système de production

    La production d’une série télévisée correspond à un agenda assez serré, de la phase de pré-écriture en passant par le tournage des scènes jusqu’à la diffusion des épisodes. L’écriture des épisodes se fait dès lors en groupe, avec une personne chargée de la coordination, appelée le « showrunner ». Bien que contraignant, ce système de production permet cependant de jouer sur la proximité au réel et de rendre les séries très contemporaines.

    2)    L'obligation de faire de l'audience

    Dépendant énormément de la publicité, les séries TV ont l’obligation de faire de l’audience, ce qui suppose parfois l'utilisation de stéréotypes, de répétitions,…mais qui est contournée par les scénaristes. Ceux-ci complexifient les personnages, les rebondissements dans l'histoire, décadenassent un thème en proposant plusieurs points de vue dessus,…

    3)    Les acteurs et leur vie

    Les acteurs représentent souvent en eux-mêmes une contrainte pour les séries TV : ils peuvent être malades, attendre un enfant, faire de la prison, ou encore mourir. Les scénaristes doivent alors réagir en conséquence, et cette contrainte peut parfois devenir une vraie opportunité pour l'écriture des prochains épisodes.

    4)    La technique

    Parfois le manque de moyens techniques peut orienter différemment les personnages et la technique narrative. Par exemple, représenter Hulk dans les années 70 était difficile en l’absence des effets spéciaux que l'on connaît aujourd'hui. Cette faiblesse est finalement devenue une force, car la série s’est concentrée sur le côté psychologique du personnage.  Certaines séries ont aussi été tournées dans des lieux réduits, ce qui représentait un vrai challenge pour trouver toujours de nouvelles histoires (c’est le cas de la série Friends par exemple).

    5)    L'air du temps

    Les séries ne peuvent faire que ce que les téléspectateurs sont prêts à voir. Elles ne peuvent pas être trop choquantes, et doivent se situer dans l'air du temps. Par exemple, certaines scènes ont été censurées suite aux événements du 11 septembre. Les séries TV sont nécessairement conformistes. Pourtant c'est à la télévision qu'apparaît le premier couple mixte, les personnages gay les plus intéressants, les débats sur l'avortement, etc. Les séries belges par exemple, semblent ne pas avoir peur de choquer.

    En conclusion, si certains ont pu penser que les contraintes affaiblissaient les séries TV, elles sont au final sources de créativité, et rendent les séries d’autant plus intéressantes artistiquement.

     

    Retrouvez la présentation de Sarah Sepulchre (UCL) :

     

    Game of Thrones, House of cards, La Trêve… les meilleures séries ne sont pas celles qui ont échappé aux contraintes, mais celles qui ont réussi à s'en jouer. Et ce au bénéfice de la créativité.

    Le temps, les lignes éditoriales des chaines, l'argent, les désirs des auteurs ou de leur ayant droit, mais aussi l'actualité, les mentalités déterminent ce qui peut être raconté ou pas.
    Longtemps considérées comme de la fiction populaire, commerciale, facile, les séries télévisées sont aujourd'hui reconnues comme de l'art par des journalistes, des scientifiques, par le public. Elles sont en effet des oeuvres très  complexes combinant des personnages multiples, des trames narratives entrecroisées, une durée exceptionnelle, des schémas narratifs précis, des esthétiques particulières.

    Sur base d’exemples tirés de plusieurs séries, Sarah Sepulchre, professeure à l'Université catholique de Louvain, membre du Groupe interdisciplinaire de recherche sur les cultures et les arts en mouvement (Gircam), vous démontrera comment les contraintes peuvent parfaitement nourrir la créativité !